27 avril 2018 - 7 mn de lecture

Les conclusions de l'étude Everis de la Commission européenne

Les conclusions de l'étude Everis pour la Commission européenne

L’étude Everis, financée par la Commission européenne, avait pour but de mettre en lumières les conclusions tirées sur la partage de données par les entreprises en Europe.

C’est une étape décisive pour l’Union européenne, et son projet de “free flow of data” (libre circulation des données). Dawex a eu le privilège de participer à cette étude en tant qu’expert en partage de données.

Pourquoi la Commission européenne a financé cette étude ?

Depuis 2014, l’Union européenne a la volonté de construire une “économie européenne de la donnée”, ouverte à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur niveau de développement. Après avoir identifié les secteurs avec le plus fort potentiel pour l'échange de données, l’UE a souhaité travailler davantage sur le sujet du “free flow of data” (libre circulation des données).

Afin de comprendre l’état actuel du marché de la donnée, l’instance européenne a fait appel à Everis pour mener une étude permettant de mesurer et révéler la valeur économique de la donnée. L’objectif est de dessiner les contours d’un cadre réglementaire qui permettrait à la donnée d’être partagée, échangée et ré-utilisée par les entreprises en Europe.

Les enseignements tirées de l’étude Everis doivent alimenter le “Data Package” (orientations autour de la stratégie EU sur la donnée) dont l’une des idées fortes est de proscrire l’ajout de nouvelles législations autour des pratiques d'échange et de monétisation de la donnée. Au contraire, l’idée est de partager des conseils de bonnes pratiques pour créer un environnement de confiance favorable à la circulation des données.
Pas moins de dix-sept pays ont été couverts lors de cette étude : France, Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Croatie, Estonie, Irlande, Italie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne, Suède.

129 entreprises ont été interrogées sur l’utilisation de leurs données (32 grandes entreprises, 35 moyennes, 27 petites et 35 micro). Ces entreprises proviennent de 5 grands secteurs :

  • Data generating driving (générateur de données)
  • Smart agriculture (agriculture intelligente)
  • Smart manufacturing (industrie intelligente)
  • Smart living environments (environnements de vie intelligents)
  • Smart grids (réseaux intelligents)

Les conclusions de l’étude Everis

Les chiffres de la data en Europe

En premier lieu, l’étude a permis de mettre en lumière les chiffres relatifs au marché européen de la donnée. Des chiffres élevés, et qui devraient croître de manière conséquente jusqu’en 2020.

La valeur du marché européen de la donnée est estimée à 59,6 milliards d’euros pour 2016, et devrait atteindre 106,6 milliards de dollars en 2020. L’économie européenne de la donnée, qui englobe à la fois l’impact direct et indirect de la data sur l’économie dans son ensemble, était estimée à 300 milliards de dollars en 2016, et 793 milliards en 2020.

Enfin, l’impact de l’économie de la donnée sur le PIB de l’Union européenne est estimé à 4% pour 2020.

Les grandes tendances du marché de la donnée en Europe

L’analyse de 16 cas pratiques a permis de mettre en avant 5 grandes tendances dans le cadre du partage de données en BtoB :

  • “Data Monetization” (monétisation de données) : soit en générant directement des revenus grâce à la vente de la donnée, soit en monétisant des analyses issues de ces données.

  • “Data Marketplace” (place de marché de données) : Dawex a été cité en exemple de ces “trusted intermediaries” (tiers de confiance) lors de transactions de données, qui assurent les conditions nécessaires à la transaction (confiance, sécurité, conformité) et font se rencontrer fournisseurs et acquéreurs au sein d’un seul et unique endroit.

  • “Industrial Data Platforms” (plateforme de données industrielles) : elles correspondent à des espaces privés d'échanges de données créés par un groupe réduit d’entreprises. L’échange est gratuit, bien que des frais puissent être prélevés par l’entreprise qui met à disposition l'environnement. Par ailleurs, ces environnements restent limités au secteur d'activités des entreprises concernées.

  • “Technical enablers” (facilitateurs techniques) : ils fournissent les solutions techniques nécessaires à l'échange de données. Ils tirent leurs revenus de la vente ou de la mise à disposition de leurs solutions.

  • “Open Data Policy” (politique d’ouverture des données) : ce sont des entreprises mettant à disposition leurs données à travers une politique d’Open Data, notamment afin d’encourager l’innovation dans leur domaine.

Pourquoi les entreprises utilisent leurs données ?

L'étude Everis a également révélée les principaux objectifs que visent les sociétés européennes impliquées dans le partage de données en BtoB.

En premier lieu, force est de constater que le développement de nouveaux modèles commerciaux et la création de revenus encouragent les entreprises à monétiser leurs données.

Dans un deuxième temps, l’autre grand objectif est l’achat de données pour développer de nouveaux produits et services pilotés par la donnée (Data Driven).

Comment les entreprises utilisent et perçoivent les données ?

Autre conclusion majeure tirée de l’étude Everis, la pratique des sociétés vis à vis des données diffère grandement selon les secteurs d’activités et les types d’entreprises. Par ailleurs, Il existe toujours une certaine méfiance concernant la sécurité et la confidentialité des échanges de données en BtoB.

Coté chiffres, parmi les entreprises interrogées, 40% d’entre elles partagent et ré-utilisent la donnée, lorsque 20% en font leur activité principale. Les échanges de données se font principalement via APIs (64%). L’acquisition de données est réalisée sur des plateformes de données industrielles à hauteur de 12%, contre 10% via des Data Broker (courtiers en données).

Les fournisseurs et les acquéreurs de données ont tendance à partager et à ré-utiliser la donnée à l’intérieur de leur secteur d’activité. L’échange de données entre organisations de secteurs d'activités différents augmente au niveau européen. En effet, cette pratique constitue une belle opportunité pour les entreprises de créer de la valeur ajoutée grâce à leurs données.

Les entreprises européennes restent méfiantes dans le cadre du partage de leurs données. En effet, elles préfèrent n’en partager qu’une infime partie. Les raisons de cette méfiance sont multiples :

  • pour des raisons de confidentialité,
  • pour s’assurer de ne pas divulguer des données stratégiques,
  • pour être certains de rester conforme aux différentes législations encadrant l’usage et le partage des données.

L’offre de la place de marché mondiale de données Dawex a pour vocation de lever ces obstacles. En effet, les milliers d’entreprises inscrites sur la plateforme peuvent bénéficier d’une infrastructure globale de circulation des données en connectant les réglementations locales sur la protection et le transfert des données. La transparence et la confiance lors des transactions de données expliquent le succès de Dawex.

Les défis identifiés par l’étude Everis

Dans le cadre du partage de données en BtoB, 52% des sociétés déclarent rencontrer des obstacles majeurs. Ces obstacles peuvent être regroupés selon trois grands types :

  • Techniques : manque d’interopérabilité, de sécurité et de sûreté. Coûts de curation et d’infrastructure.
  • Légaux : besoin d’accompagnement autour de la propriété, des usages une fois les données acquises et des réglementations en vigueur (RGPD).
  • Financiers : les coûts liés au partage des données.

Il est nécessaire de clarifier les conditions d’utilisation de la donnée pour permettre la soutenabilité des pratiques. De plus, les entreprises européennes doivent acquérir des compétences techniques et légales afin de débloquer pleinement le potentiel de l'échange de donnée.

Dawex accompagne les entreprises membres de sa plateforme tout au long du parcours de monétisation de leurs données. Ainsi, les entreprises peuvent s’appuyer sur l’expertise des équipes Dawex, afin de valoriser leurs données ou comprendre les législations en vigueur localement dans le but de ne prendre aucun risque légal ou financier. Grâce à plateforme Dawex, les entreprises peuvent commercialiser ou acquérir des données en toute confiance.

Les enseignements de l’étude Everis

L’enquête a mis en lumière de nombreux enseignements qui permettent de comprendre quelles sont les améliorations à apporter pour démocratiser l’échange et le partage de la donnée en Europe.

Les entreprises ont besoin de pouvoir évaluer la donnée qu’elles souhaitent acquérir, avant de pouvoir aller plus loin dans le processus d’acquisition. Les vendeurs, quant à eux, doivent avoir la possibilité de comprendre en quoi leurs données peuvent être utiles aux autres sociétés. C’est une information primordiale puisqu’elle leur permet de définir la valeur de leurs base de données.

Les autres enseignements à retenir :

  • La nécessité de permettre les discussions entre les fournisseurs et les acquéreurs de données, afin de mieux comprendre leurs besoins.

  • Le besoin d’établir des partenariats avec des tiers de confiance, qui détiennent des compétences complémentaires à celles des entreprises spécialisées dans la donnée.

  • Simplifier la solution utilisée pour le partage de la donnée qui permettra aux entreprises de démocratiser son partage.

  • Le besoin de créer la confiance entre les parties, pour pérenniser les échanges dans le temps, est un élément clé, à l’instar du besoin de compréhension du cadre réglementaire qui entoure le partage de données. A la fois d’un point de vue global (GDPR), mais aussi sectoriel (législations spécifiques à certains secteurs)

Enfin, et de manière plus spécifique aux vendeurs, avoir des modèles de contrats clairs, et pouvoir définir les conditions d’échange et de réutilisation de données. Ce sont deux besoins importants qui contribueront à pérenniser les pratiques.

La maturité grandissante des entreprises européennes pour la donnée se confirme également par les chiffres. En effet, 20% d’entre elles déclarent avoir considéré le partage de données comme principale activité économique. Les sociétés d’Europe s’attendent à ce que le partage de données prenne beaucoup plus de poids dans un futur proche : 46% des entreprises interrogées prévoient que cela devienne une activité économique majeure dans les cinq ans à venir.

Les futurs chantiers de la Commission européenne

Au regard des enseignements tirés de l’enquête, le rapport met en évidence les sujets que la Commission européenne devra adresser dans ses prochains travaux afin d’encourager la libre circulation des données en Europe :

  • clarifier le concept de partage de données en BtoB,
  • avoir une approche régulatrice (hors données personnelles) réduite à sa plus simple expression pour ne pas entraver l’économie de la donnée,
  • continuer de proposer des conseils, recommandations pour aider les entreprises,
  • organiser des « awareness campaigns » (campagne de sensibilisation) pour promouvoir l’échange de données et engager davantage d’entreprises dans cette économie,
  • publier des conseils sur les législations existantes et à venir pour aider les entreprises,
  • créer un cadre réglementaire du partage de données en BtoB pour définir les concepts basiques, les bonnes pratiques et les conditions nécessaires à la conduite d’une stratégie efficace et sûre,
  • supporter le développement de standards.

Enfin, le rapport préconise que la Commission européenne finance les entreprises qui proposent des solutions dans ces domaines pour échanger des données inter-entreprises, comme c’est le cas pour Dawex et sa place de marché mondiale de données.

Le positionnement de Dawex

Si forcer les entreprises privées à partager leurs données dans le cadre de l’intérêt publique est une préconisation discutable, les autres aspects de l’étude Everis ont un énorme impact sur le marché de la data.

De manière générale, l'étude démontre que les prochains travaux de l’Union européenne coïncident avec les principes que Dawex défend depuis sa création :

  • donner la possibilité aux entreprises de paramétrer de façon avancée les conditions contractuelles encadrant la monétisation et/ou l’acquisition de données,
  • fixer dans ces éléments contractuels les conditions d’utilisation et de réutilisation de la donnée,
  • assurer une fonction de matchmaking entre fournisseurs et acquéreurs, et ne pas simplement lister un catalogue de données.

L’étude Everis présente un état des lieux complet et réaliste du marché de la donnée en Europe. Pour favoriser la croissance de ce marché, Dawex préconise de ne pas ajouter des lois restrictives supplémentaires à un marché en pleine croissance et suffisamment régulé.